Si j’étais magicienne, je guérirais la Terre
Je panserais ses plaies béantes avec un élixir, fait de poussières d’étoiles et de sels de mer
Je lui offrirais joyaux et parfums, une redingote océanique, signée « Bleu de Chanel »
Sur ses lacs et rivières, je déposerais un boléro, aussi séduisant que celui de Ravel
Pour que rien ne l’abîme, j’adoucirais les éclairs et le tonnerre, les embâcles et les tempêtes
Je ravigoterais la faune et la flore où toutes espèces d’animaux et d’oiseaux y feraient la fête
Dame Terre redeviendrait grisante, excitante, verdoyante et luxuriante, un tantinet coquette
Jusqu’à la fin des siècles, je la proclamerais Reine des planètes !
Si j’étais musicienne, je composerais pour elle une magistrale symphonie
À l’instar des géants, Mozart, Back, Beethoven, Debussy
Sur un clavier chantant qui me servirait d’écritoire
Qu’elles soient rondes ou croches, j’emmêlerais savamment les blanches et les noires
Des notes de jazz apporteraient maintes nuances relaxantes et euphoriques
Pour achever cet hymne unique et intemporelle, j’ajouterais quelques gammes ludiques
Une musique vibrante et envoûtante s’éparpillerait joyeusement dans l’univers
Cet œuvre dithyrambique serait aussi romanesque qu’une sérénade de Franz Schubert !
Si j’étais écrivaine, j’emprunterais la plume de mon ami Pierrot
Pour créer les plus nobles poésies, j’imiterais Joséphine Bacon, Baudelaire ou Rimbaud
J’inventerais tous les mots qui sonnent et qui résonnent, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs
Des graines de folie et des pierres de lune envahiraient son esprit, son âme et son cœur
J’inviterais Félix et Vigneault à la table de Cohen et Nelligan pour amalgamer leurs émotions
Les mots de Jean-Pierre seraient une quintessence de joie, de peine, d’émerveillement et de frisson
Tout comme Victor Hugo à sa Juliette, je lui rédigerais des centaines de lettres d’amour
Pour mettre tous les écrits en musique, je ferais renaître d’irrésistibles troubadours !
Si j’étais épicurienne, j’échafauderais un grand plateau royal à la jeter par terre
Je lui concocterais des jardinières de mille feuilles, avec un incroyable savoir-faire
Je flatterais sa beauté, je louangerais sa générosité, j’exaucerais ses moult désirs
Au soleil ou sous la pluie, je prierais Mère Nature de fredonner des airs pour la faire frémir
Les do ré mi fa sol voltigeraient sur ses eaux, ses feuillus, ses fleurs et ses arbres
Je glorifierais chacune de ses saisons, tant les éclaircis que les temps obscurs
J’ensemencerais ses mois de proses et de vers, de tableaux et d’œuvres d’arts
Au gré du vent, des la si do, j’entrelacerais le tout dans ma folle écriture !
J’aimerais être magicienne, musicienne, écrivaine ou épicurienne
Mais je ne suis qu’une humaine qui souhaite que la Terre redevienne Souveraine !!!
(Texte de Colette Primeau, résidente)
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