On n’y est jamais vraiment préparé, mais le départ d’un être cher fait partie de la vie, et survivre à des membres de sa famille, à un conjoint ou une conjointe ou à de très bons amis est malheureusement une réalité de plus en plus fréquente avec l’âge.
Que faire lorsqu’on apprend que quelqu’un autour de nous vit un deuil? Comment réagir et comment l’aider? Isabelle Léveillé, résidente et bénévole en pastorale et à la chapelle du Marronnier, et Maude Buisson, responsable des loisirs de la résidence, nous livrent des clés pour soutenir et accompagner de notre mieux les personnes endeuillées.
Assurer une présence, tout simplement
La nouvelle se répand tranquillement dans la résidence : quelqu’un que l’on connaît a perdu son ou sa partenaire de vie. « Si on est ami(e) avec cette personne, on peut se manifester et lui faire savoir qu’on est disponible en cas de besoin », conseille Mme Léveillé.
« La personne n’aura peut-être pas envie de parler tout de suite, mais on peut tout simplement lui dire qu’on sera là au moment où elle sera prête et prendre rendez-vous avec elle pour qu’elle puisse se libérer de son trop-plein de chagrin si elle le souhaite. Surtout, il faut assurer une présence à long terme : un deuil, ça dure longtemps. »
C’est souvent après les premières semaines, quand le téléphone sonne moins souvent et que les gens retournent à leurs occupations, que la personne en deuil se retrouve seule et que le besoin d’une présence plus grande se fait sentir.
Être à l’écoute
Chacun vit le deuil à son rythme et l’exprime d’une façon qui lui est propre. Assurer une présence auprès d’une personne en deuil, c’est l’écouter dans tous ses mots et tous ses silences, suivre son rythme sans rien brusquer.
« Il faut laisser le temps faire son œuvre », ajoute la bénévole. « C’est important de faire preuve d’écoute sans pousser la confidence, d’accueillir ce que la personne veut dire et partager et de reconnaître ses besoins. »
Diriger vers des professionnels de la santé
Certaines personnes plus introverties ou renfermées peuvent avoir du mal à exprimer leurs émotions, avoir peur de déranger ou ne pas oser s’ouvrir par crainte de perdre le contrôle et de déverser leur tristesse. Dans ces cas-là, on peut conseiller la consultation d’un professionnel de la santé, par exemple un ou une psychologue.
« La tristesse peut basculer vers la dépression », explique Maude Buisson. « La porte de notre bureau est toujours ouverte; les gens peuvent venir nous voir, s’asseoir, parler. Parfois, c’est moins difficile de nous parler que d’aller se confier à des proches. »
« Si on est témoin de quelqu’un qui semble ne pas bien aller, on peut se rendre au bureau de santé du Marronnier pour faire part de nos inquiétudes au personnel », ajoute Mme Léveillé. « Les professionnels sur place pourront orienter la personne avec beaucoup de bienveillance et de douceur vers les bonnes ressources, et même s’organiser pour que ces ressources se déplacent à la résidence pour la rencontrer. Des organismes communautaires comme LumiVie offre également des services d'accompagnement et de soutien aux personnes endeuillées. »
Prendre la personne dans ses bras
Quand on sent qu’ils sont bien reçus, n’ayons pas peur des contacts physiques, qui agissent instantanément sur les émotions! Un câlin, une accolade, une main sur l’épaule parlent parfois plus fort que les mots et sont des vecteurs de compassion, de soutien et d’affection. Les contacts physiques provoquent également la libération d’ocytocine, une hormone qui aide à surmonter l’adversité et les traumatismes, agit sur la dépression et augmente le sentiment de calme et de sécurité. Vous ne trouvez pas les bons mots et avez peur de vous exprimer avec maladresse? Manifestez votre soutien avec un geste tendre ou en serrant la personne dans vos bras.
Prendre le relais des tâches quotidiennes et des responsabilités
Quand on vit un deuil, vaquer à ses occupations et prendre soin de soi peut paraître insurmontable. « On peut apporter son soutien en participant aux tâches quotidiennes de base, mais nécessaires, comme préparer des plats ou faire la lessive. C’est possible de prendre les devants, sans envahir l’espace de la personne. Il suffit d’être à l’écoute pour saisir son ouverture à recevoir de l’aide ou non. »
Accompagner la personne endeuillée à prendre ses responsabilités liées au décès de son être cher, comme la rédaction de l’avis de décès, la prise de rendez-vous au salon funéraire, le choix du cercueil ou de l’urne et l’organisation des funérailles, peut également être très utile, considérant l'absence de famille immédiate. Le cœur est souvent bien lourd quand vient le moment de régler toutes ces formalités, alors qu’on voudrait tout simplement plonger dans son deuil. L’entourage est alors d’un précieux secours.
Changer les idées de la personne
Malgré la peine et la douleur, il n’est pas interdit de se changer les idées, d’aller au cinéma, de jouer à un jeu de société, de sortir marcher ou d’aller au bistro prendre un café. Bien au contraire! Arborer un visage long et triste de manière permanente n’est pas obligatoire, ni même recommandé. Certaines personnes se sentent coupables à l’idée de rire à nouveau, mais les moments de joie sont importants. Il ne faut donc pas hésiter à proposer de petites sorties à la personne endeuillée, et si elle ne se sent pas prête à nous accompagner, il faut faire preuve de patience.
Demeurer dans une résidence comme le Marronnier, où la vie et les activités continuent de bourdonner, donne assurément du courage aux personnes endeuillées et les incite à sortir, tout en leur permettant de s’isoler dans leur appartement lorsqu’elles le souhaitent. Un équilibre précieux lorsqu’on traverse une période intense en émotions comme un deuil.
Trouver de nouveaux repères
Comme l’expose Jean Monbourquette dans son livre Excusez-moi, je suis en deuil, un ouvrage que recommande Mme Léveillé, le deuil compte huit étapes : le trauma ou le choc, le déni, l’expression des émotions et des sentiments, la réalisation des tâches concrètes liées au deuil, la quête d’un sens à la perte, l’échange des pardons, le laisser-aller et l’héritage.
Pour certaines personnes, le passage d’une étape à une autre s’avère complexe. Si une personne endeuillée refuse, par exemple, de «laisser partir» le défunt ou la défunte, il est possible de l’inciter doucement à adopter de nouvelles habitudes de vie qui changeront son quotidien et l’encourageront à aller de l’avant plutôt qu’à rester attachée au passé.
De nouvelles recettes à essayer, une nouvelle tenue vestimentaire, un nouveau tableau au mur… tous ces petits changements feront en sorte que la personne avance. « L’idée n’est pas de passer à autre chose à tout prix », précise Mme Léveillé. « Il s’agit plutôt de lâcher prise et de vivre avec la personne disparue une relation transformée, intériorisée, comme une présence douce et rassurante. »
Les premières clés pour bien accompagner quelqu’un qui vit un deuil sont de demeurer à l’écoute, de suivre le rythme de cette personne sans rien brusquer et d’assurer une présence auprès d’elle à long terme. Si vous croyez que des ressources externes sont requises pour soutenir votre proche, n’hésitez pas à lui fournir des références.
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