Cette entrevue avec Mme Jacqueline Trudel a été réalisée le 16 janvier 2023, quelques jours avant qu’elle nous quitte paisiblement. Nous souhaitons rendre hommage à sa grande bonté, sa générosité, et sa bienveillance. Les Doigts de fée et toute la communauté du Marronnier se souviendront longtemps de sa lumière!
À l’intérieur des murs du Marronnier, une petite fourmilière de 48 retraitées s’affaire à réchauffer les plus démunis. Chaque année, le groupe si justement nommé Les Doigts de fée empoigne ses aiguilles à tricoter pour confectionner bénévolement plus de 1000 tricots destinés à renflouer les boîtes de vêtements du Centre de bénévolat et moisson Laval.
À la tête de ces femmes de cœur se trouve Mme Jacqueline Trudel, une résidente dévouée et attachante qui assure le bon fonctionnement de cette initiative communautaire.
L’importance de donner au suivant
Originaire de Verdun, puis ayant grandi à LaSalle, Mme Trudel a toujours été animée par cette volonté de faire le bien autour d’elle. « Quand je demeurais à LaSalle, je tricotais des tuques et des foulards pour les sans-abri. Une fois, j’ai croisé un itinérant assis par terre, chaussé de bottines sans semelles. Je me suis dit qu’il fallait absolument faire quelque chose pour aider ces gens-là. J’ai fait de mon mieux. »
À son arrivée au Marronnier, en 2008, c’est donc tout naturellement qu’elle se joint aux Doigts de fée, avant d’en devenir la responsable quelques années plus tard. À cette époque, le groupe ne compte pas autant de membres, mais il prend rapidement de l’ampleur. Sa noble mission : offrir gratuitement chaque article tricoté à ceux et celles qui en ont besoin. Rien n’est vendu, aucun salaire n’est versé. De cette façon, les tricoteuses donnent un sens à leur activité préférée.
« Quand on va porter nos tricots au Centre de bénévolat et moisson Laval, ça nous chavire le cœur. On voit des gens s’y rendre pour aller chercher de la nourriture et des vêtements pour toute leur famille. On répond à un réel besoin et on aide les gens directement. Ça fait du bien de sentir qu’on fait une différence », raconte la femme qui souffle cette année ses 93 bougies.
Des vêtements pour tout le monde
Tuques, bas, foulards, vêtements pour enfants : les tricoteuses sont libres de réaliser les vêtements de leur choix — sauf des mitaines, qui deviennent rapidement mouillées en hiver. Douze mois par an, chacune tricote à son rythme et apporte à Mme Trudel les pièces confectionnées. « Je comptabilise tout ce que je reçois. Il y a des années où on a remis 1795, 1900 et même 2145 articles. En 2022, notre production a un peu diminué, mais les pièces sont de plus grande qualité. Nos tricoteuses ont pris de l’expérience. »
Une organisation bien huilée
Toutes les deux semaines, Mme Trudel et ses tricoteuses se rendent dans ce qu’elles appellent leur « château de laine », un local gracieusement prêté aux Doigts de fée par le Marronnier. Dans ce repère, des boîtes de laine méticuleusement classées par couleur et des sacs de crochets et d’aiguilles à tricoter garnissent des étagères, et des sacs remplis de vêtements prêts à être donnés s’accumulent. C’est là que les tricoteuses trouvent la laine, les aiguilles et les crochets dont elles ont besoin pour leurs projets.
« Je suis quand même disponible en tout temps. Si elles manquent de laine, les tricoteuses peuvent m’appeler, et on se rejoint au château au moment qui nous convient le mieux », ajoute Mme Trudel.
Des appuis provenant de divers horizons
Comment ces femmes arrivent-elles à tricoter autant sans trop dépenser pour le matériel? Ce sont les dons que divers organismes et particuliers leur envoient pour soutenir leur démarche qui rendent celle-ci possible.
« On a déjà reçu de la laine du Cirque du Soleil. Une autre fois, la propriétaire d’un magasin qui fermait ses portes à Laval nous a donné des aiguilles, des crochets et de la laine qu’elle avait en stock. On reçoit aussi parfois des dons en argent des députés de notre circonscription. Et le Marronnier est toujours prêt à nous aider! Mme Lévesque, la directrice générale, est très contente et très fière de ce qu’on fait. Le propriétaire, M. Morzadec, est aussi présent pour nous. Il est tellement gentil! C’est quelqu’un de très humain, humble et accessible. »
Une réelle communauté créée autour du tricot
Un des avantages d’habiter une résidence comme le Marronnier, c’est de pouvoir rencontrer des gens qui ont les mêmes intérêts que nous. Bien qu’il n’y ait pas de rendez-vous fixé à l’agenda pour tricoter et que chaque membre est libre de s’y adonner au moment de son choix, les Doigts de fée est un véritable cercle social. Les aires communes permettent aux retraitées de se rencontrer, d’échanger et de se montrer leurs créations.
« Des gens se découvrent des passions! Une dame m’a dit récemment qu’elle ne pensait jamais tricoter un jour. Ça me fait quelque chose quand j’entends ça. Je suis contente de pouvoir rendre les gens heureux. »
Briser l’isolement entre les résidents et les résidentes tout en se rendant utile, voilà ce que l’initiative des Doigts de fée offre à l’ensemble de la communauté du Marronnier. Et ça, ça vaut de l’or.
Si vous aimeriez donner de la laine au Doigts de fée afin d'aider les plus démunis, veuillez communiquer par courriel à info@lemarronnier.ca.
Cette entrevue avec Mme Jacqueline Trudel a été réalisée le 16 janvier 2023, quelques jours avant qu’elle nous quitte paisiblement. Nous souhaitons rendre hommage à sa grande bonté, sa générosité, et sa bienveillance. Les Doigts de fée et toute la communauté du Marronnier se souviendront longtemps de sa lumière!
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